Sous la main, le monde
Gisèle Bonin, Bruno Gadenne, Chloé Silbano
Vernissage Jeudi 6 mars de 18h à 21h en présence des artistes
Depuis les premières peintures pariétales jusqu’aux artistes contemporains, la main a toujours occupé une place de choix dans l’Histoire de l’art. Bien souvent en pleine action, elle montre du doigt, saisit un objet, salut ou encore caresse… la complexité de son dessin n’a d’égal que celle de son anatomie composée de 27 os, d’une variété de muscles ainsi que de toute une collection de structures neurovasculaires.
Assez puissante pour nous hisser au sommet des montagnes, mais aussi suffisamment précise pour permettre la manipulation d’objets minuscules, la main humaine a démontré de tout temps que le faire précède le savoir. Aristote le disait déjà en son temps, cet organe sophistiqué relève d’une évolution biologique qui a permis à l’être humain d’accéder au savoir et ainsi de modifier son rapport au monde. Le nourrisson ne commence-t-il pas son exploration de la réalité en saisissant ses pieds pour sentir jusqu’où va son propre corps ?
Partant de cette réflexion, l’exposition « Sous la main, le monde » réunit le travail de trois artistes majeurs de la scène artistique française contemporaine dont les œuvres évoquent cette pensée du touché, de la préhension, de l’action qui façonne notre rapport au monde.
Gisèle Bonin dessine à la sanguine, au crayon ou au fusain des fragments de corps de manière hyperréaliste. Jamais de visage, car ce qui intéresse l’artiste se situe à la surface de la peau et dans les tensions révélatrices qui s’y exercent. « Territoire de mémoire et de sensation, l’enveloppe du vivant (corporelle ou symbolique) peut se présenter comme une vaste étendue cartographique, mystérieuse de l’intime sous toutes ses formes (anatomique, psychologique, historique…) », écrit l’artiste. À Nantes, l’artiste présentera de très grands dessins de la série Big REDA, dont le nom est tiré de celui d’une association angevine (Réseau d’entraide des demandeurs d’asile).
Le peintre Bruno Gadenne, artiste globe trotter, est mu par « le désir puissant d’aller expérimenter et vérifier la beauté du monde. Celle des paysages primordiaux, de la jungle, de la forêt primaire et d’autres terres lointaines », comme l’écrit Juliette Fontaine dans son texte « Les assises du Monde ». Il présente huit tableaux à l’huile au nom évocateur, « Les offrandes », dans lesquels une merveille de la nature est offerte à contempler dans le creux des mains.
Dans les peintures à l’huile et au crayon de Chloé Silbano, les mains ont toujours quelque chose à faire. Pousser, tenir, montrer, jouer… elles sont là pour façonner l’espace du tableau et l’investir comme des exploratrices. Il est également question de langage, de science, d’architecture, d’une pensée qui se nourrit du mouvement et de l’action avec une grande économie de moyens. Un simple tissu de coton pour la toile, du blanc, du brun et un crayon.