Tiré d’une citation de l’écrivain et chercheur en écologie végétale Jacques Tassin, «L’arbre nous donne l’heure intime du monde», le titre de la première exposition personnelle de Yann Bagot en galerie est une invitation à prendre le temps de percevoir, sur le papier, la respiration du monde végétal.
Réalisées lors d’une résidence de création à Bruxelles, au sein de la Fondation sud-africaine pour l’art contemporain (SAFFCA), les oeuvres présentées à Belfort ont pour thème l’arbre et la forêt, entre bruissement des feuilles, vibration de la lumière et souffle du vent.
Toujours avec l’encre de Chine et le sel, l’artiste poursuit sa recherche sensible sur notre rapport au monde dans un mouvement où il fait littéralement « Corps avec le paysage », comme l’explique la critique d’art Marie Maertens dans son texte écrit spécialement pour l’exposition.
« Invité en résidence à l’Abbaye de la Cambre par SAFFCA.EU au printemps 2022, en quête d’ancrage dans le lieu et dans l’instant, j’ai dessiné les arbres du parc. Porté par la présence haute et méditative de l’abbaye, guidé par le réveil végétal et la percée de la lumière à travers les feuillages, vitrail vivant, j’ai été saisi par la continuité de l’arbre et de l’air.
Ces dessins de terrain m’ont ouvert de nouvelles possibilités en grand format, en atelier. Cherchant à donner corps à l’organicité de l’encre, mise à l’épreuve de l’eau et du sel sur papier, j’ai dessiné d’un souffle, plongé dans un flux d’air, de lumière, de matière. Corps à corps avec les poumons du monde, auxquels nos existences sont reliées.
Moissonneur du ciel, tel que nous le rappelle l’écologue Jacques Tassin, l’arbre saisit le carbone et le concentre en une forme majestueuse, inouïe, qui toujours échappe à ce qu’on prévoit d’elle. En prolongement, l’idée que l’air qui circule autour de nous deviendra à son tour feuillage, arbre, animal, homme ou océan, ouvre des horizons sensoriels.«
Yann Bagot, 20 octobre 2022
