La Galerie Robet Dantec présente pour la première fois à Belfort le travail de Gisèle Bonin. L’artiste, qui vit et travaille dans l’ouest de la France, a participé à de nombreuses expositions et France et à l’étranger. Elle est particulièrement connue pour son travail sur les fragments de corps qu’elle isole pour en donner à voir la force, la tension, l’articulation ou la fragilité…
A Belfort, Gisèle Bonin présente une série de grands dessins à la sanguine qui donneront la réplique aux nouveaux fusains noirs de l’artiste Haleh Zahedi, eux aussi des fragments de ce qui pourrait être un corps, tout en plis et en recoins secrets, à l’érotisme joyeux ou inquiétant.
« Curieusement, face aux œuvres dessinées de Gisèle Bonin, à tous ces fragments de corps – bustes, mains, dos, nombrils, etc. – et à ces tas informes drapés dans leur enveloppe, je ne peux m’empêcher de voir des photographies. De les voir comme si c’était des photographies. Non des tirages numériques, ni même argentiques, mais plutôt des épreuves à l’ancienne, façon bromure ou gomme bichromatée. « Je n’aime pas les papiers lisses, note l’artiste dans ses Écrits personnels. Je les préfère épais, granuleux : il faut qu’ils accrochent la mine, lui opposent une résistance, imposent leur marque. » Granuleux, tout est dit. En effet, tout est chez elle question de grain et c’est là le lieu de connivence. Du grain du papier à celui de la peau, l’écart est infime, le sens glisse et le crayon exulte. »
Philippe Piguet – « Gisèle Bonin, le dessin mis à nu », 2013
« Indéniablement Haleh Zahedi laisse faire son imaginaire, puise dans une introspection forte des images que le monde a portées pour elle et en elle. C’est d’un travail analytique qu’il s’agit qui se penche sur les confins de la mémoire, sur cette ligne de crête (ou cet abîme, et c’est la même chose) où nous captons de manière fugitive les forces telluriques, les inconnus de nous et en nous. Le dessin avance comme la quête d’Odilon Redon, en capture de l’éloigné et cherche à lui donner visage dans l’énoncé de la forme, dans la respiration du noir. Elle utilise le fusain, l’encre, et parfois du blanc pour strier l’austère acuité de la conscience. »
Germain Roesz – « Des femmes et des chimères », 2015.